Le métier de chef de projets chez Anyword
Le Chef de projets est l’interlocuteur du client pendant tout le déroulement du projet.
Témoignage d’un pro, Mario Bahlouli.
Mario Bahlouli a été chef de projets dans le monde de la traduction pendant plus de quinze ans, avant de se réorienter et de rejoindre l’industrie, où il occupe un poste de Directeur commercial avec des responsabilités élevées. Il a bien voulu témoigner de son expérience de la gestion des projets de traduction, qu’il nous livre ci-dessous.
Je m’appelle Mario Bahlouli et je vais vous parler aujourd’hui du rôle du chef de projet. Tout d’abord, je vais définir ce que j’entends (ainsi que l’industrie en général et la traduction en particulier) par chef de projet. Le chef de projet est la personne responsable du bon déroulement d’un projet. Dans mon discours, je vais employer IL pour parler du chef de projet non pas par sexisme mais parce que chef de projet est masculin. Les filles font d’excellents chefs de projet et pour ma part, j’ai plus souvent eu à faire à des chefs de projet femmes qu’à des hommes. La traduction comme mes congénères ne manqueront pas de s’en apercevoir très vite, est un métier assez féminisé et c’est certainement ce qui à fait naître en moi une vocation 😉
Ceci dit, le chef de projet est responsable du bon suivi des procédures (qu’il en soit l’auteur ou non), de la gestion des ressources autant internes qu’externes, du budget, de la qualité, du délai et surtout de la communication avec le client.
Je vais insister sur ce point car il me semble le plus important.
En effet, n’importe qui peut envoyer et recevoir de fichiers à traduire, faire passer des glossaires, donner des instructions, tenir un budget ou un délai et ce qui fait un bon chef de projet n’est pas forcément du ressort des compétences ou de la formation.
Issu du milieu de la traduction
Typiquement, un chef de projet en traduction est issu du milieu de la traduction. C’est un traducteur, un éditeur ou relecteur, un ingénieur, bref, une personne qui a fait ses classes dans le milieu de la traduction, en a peu à peu gravi des échelons pour finir par occuper cette place enviée entre toute : celle de chef de projet.
Je disais tout à l’heure que l’aspect qui me paraît le plus important dans le travail d’un chef de projet c’est la communication avec le client final. Le client qui confie la traduction d’un projet à une agence de traduction le fait principalement pour deux raisons : la première parce qu’il n’a pas les ressources en interne la seconde parce qu’il n’a pas le savoir faire en interne. Alors ce savoir faire dont il ignore tout dans la plupart des cas (tout comme vous ignorez tout de la mécanique lorsque vous aller faire réviser votre voiture au garage), il suppose que son interlocuteur le possède. Nous venons de le dire, son interlocuteur (en l’occurrence le chef de projet) n’a qu’une connaissance partielle des tâches qu’implique le projet. Le chef de projet ne peut tout savoir sur tout mais il doit malgré tout faire comme si pour le client final.
Le chef de projet n’est rien d’autre que l’interface entre les différents intervenants d’un projet et le donneur d’ordre. Il est responsable de tout mais ne fait rien (j’entends par là qu’il ne traduit pas, ne relit pas, ne compile pas, ne double pas, ne fait pas de mise en page etc.) Pour donner un exemple simpliste, le chef de projet c’est la nourrice à qui la mère confie son bébé après l’avoir porté, lui avoir donné naissance, l’avoir nourri et s’en être occupé durant les premières semaines de son existence. La mère pense qu’elle est la personne qui connait le mieux son bébé, qu’elle est la seule qui sache vraiment s’en occuper, qu’elle sait anticiper ses besoins et répondre à ses moindres demandes. Malgré tout, il arrive un moment où la mère doit s’en séparer provisoirement et bien qu’elle le confie à une personne dont c’est le métier, elle a des doutes et des craintes. La nourrice, outre son savoir-faire avec les bébés, doit prendre en compte cette dimension.
Pour le chef de projet, il en va de même. Le client sait bien que c’est le métier de l’agence et du chef de projet de traduire mais il ne peut s’empêcher d’être inquiet.
Communication avec le client
Des tas de choses sont en jeux. Le client a investi du temps et de l’argent dans le développement d’un produit qu’il veut faire traduire. Il représente un défi stratégique pour l’entreprise, sa survie économique, ou d’autres enjeux. Le chef de projet doit donc rassurer le client, lui parler très régulièrement, le mettre au courant du degré d’avancement, des défis dus au changement de langue, des possibles différences culturelles faisant qu’une traduction est possible ou non et l’impliquer dans le processus de traduction afin de l’éduquer.
Nous en arrivons donc à la grande question : qu’est-ce qui fait un bon chef de projet ?
Nous avons vu précédemment que toute personne ayant un minimum de bon sens et d’expérience de la traduction peut devenir chef de projet. Ce qui à mon avis fait un bon chef de projet, c’est son implication personnelle. Un chef de projet capable de créer ce climat de confiance avec son client est assuré du succès. Bien entendu, jamais rien ne se déroule comme prévu, un tas de problèmes peuvent surgir : des fichiers mal traduits, un glossaire inapproprié, une mauvaise post-synchronisation, un traducteur qui ne rend pas ses fichiers, des produits qui ne se compilent plus une fois traduits, une mise en page impossible en raison d’un volume supérieur du produit traduit par rapport au produit initial, etc, etc.
Le chef de projet qui applique les règles au pied de la lettre peut se trouver malgré tout dans une mauvaise posture. Il aura beau infliger des pénalités de retard, chercher des solutions de rechange, faire appel à d’autres intervenants ou râler dans son coin, la seule chose qui compte aux yeux du client c’est que son produit est soit mal traduit, soit pas traduit du tout soit, dans le meilleur des cas en retard ou ayant dépassé le budget initialement prévu. Le chef de projet, même si comme nous le disions plus tôt n’est en aucun cas responsable de ces problèmes, il est reste le porte parole. Le client n’a comme recours que de s’en prendre au chef de projet et la plus infinie des patiences peut être nécessaire pour faire face à cette pluie de calamités et de reproches qui ne manque jamais d’arriver car le monde de la traduction, comme tout les autres mondes, n’est pas parfait.
Question de personnalité
Alors, que faire ?
Et bien pas grand-chose. Communiquer, rester stoïque sous le déluge et s’appuyer sur cette confiance et se basant sur ce partenariat mis en place pour faire comprendre au client les implications, les raisons, les mesures prises pour remettre le projet dans le droit chemin.
Un fait reste certain : la traduction n’est pas prête et ni lui ni vous n’y pouvez rien. Vous devez trouver soit ensemble soit pour le client, les solutions adaptées. La seule chose qui peut vous sauver, c’est votre confiance en vous, le degré de confiance établi entre vous et votre client et les mesures que vous aurez prises ou incluses dans le processus pour faire face aux catastrophes.
Par certains aspects, le travail du chef de projet se rapproche de celui du commercial. Il doit vendre son projet, se vendre auprès de son client afin que quelles que soient les circonstances, le client soit toujours persuadé que le chef de projet est la personne qui s’occupe le mieux de son ‘bébé’.
Voilà, j’espère cette présentation du rôle de chef de projet un peu originale, puisque j’ai volontairement omis l’aspect formation à ce métier (que pratiquement tout un chacun peu suivre) pour m’attacher plus particulièrement à son aspect humain.
En somme, à mon avis, ce qui fait un bon chef de projet c’est sa personnalité, la patte qu’il imprime à ses projets et les relations qu’il tisse avec ses clients. Ce sont là ses garanties de succès à compétence et à expérience égale. Un grand communicateur peut vous faire accepter toutes les catastrophes et réduire voire annuler le risque de passage en mode panique avec toutes les conséquences que cela implique.
Merci et à bientôt !